vendredi 30 décembre 2005

Les petits détails qui agacent……

Il y a, bien sûr, les grands désordres mondiaux. Les guerres, les famines, le gaspillage, la mauvaise répartition des richesses, l'obscurantisme et les religions.

Il y a aussi la corruption, le partage de la planète entre quelques bandits en col blanc qui vont moins souvent en prison que les voleurs d'oranges, il y a les migrants que l'on égare dans le désert pour ne pas avoir à les gérer davantage, les discours du pape et des excités du karcher qui trouvent plus d'audience que les sages paroles des philosophes et des humanistes…


Mais il existe dans la vie quotidienne des tas de petits détails infimes, voire ridicules, qui portent notre exaspération aux confins de l'irrésistible, un peu comme une bonne pipe exalte notre orgasme. Je comprends fort bien, au vu de certains petits détails quotidiens, que dans les familles modestes de nos banlieues, il arrive un moment où il faut que ça pète.

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Par exemple, les informations nous apprennent que la douane a saisi 32 kilos de caviar russe haut de gamme entrés en France en contrebande. Bon, soit. Mais là où ça ne va plus, c'est lorsqu'on nous dit que la marchandise va être détruite… Il ne s'agit pas d'une contrefaçon, le produit est parfaitement consommable et il est d'une grande valeur. Ne pourrait-on pas le vendre au profit des Restos du Coeur par exemple ? Seuls pourraient acheter des restaurateurs qui s'engageraient à le servir et à ne pas le revendre à leur tour ? Bien sûr, c'est pas prévu dans les règlements, mais l'humanisme le plus élémentaire ne justifie-t-il pas une adaptation intelligente de notre administration ? Ce souci aveugle de l'exemple rappelle l'imbécile obstination de l'église qui, dans ses autodafés, croyait éradiquer une idée en brûlant le livre où elle était inscrite...

Par exemple encore, le résultat d'une étude qui avait déjà fait l'objet d'un article dans mon blog précédent, et qui émerge aujourd'hui à la surface des grands médias : les commerçants gay du marais se plaignent d'une régression de leur chiffre d'affaires.

Alors on cherche… Pourquoi ? Concernant les lieux de rencontre, il est certain d'Internet représente une concurrence quasi déloyale, c'est gratuit, on reste chez soi avec les pieds dans ses pantoufles et sa tasse de thé à côté de la souris…

Mais en dehors de ce phénomène incontournable qui n'explique pas à lui tout seul la désaffection du public pour les lieux gays, on avance tout un tas d'explications fumeuses pour ne pas regarder en face les vraies raisons et la triste réalité.

On nous explique que le « gay d'aujourd'hui » a changé. Il est beaucoup moins militant que le « gay d'hier ». C'est vrai et je m'en plains souvent, mais est-il nécessaire d'être militant pour fréquenter les bars gay ?

Les vraies raisons sont beaucoup plus terre à terre : nos bar gay sont vides ? Examinons-les de plus près… Mea culpa… Moi-même, je n'y vais quasiment plus, mais pourquoi ? Certainement pas parce que j’ai cessé d'être militant !

Je n'y vais plus parce que je n'en peux plus de ces établissements où on diffuse une soi-disant musique à un niveau tel qu'il faut se crier dans les oreilles pour communiquer. Pour moi, un bar est et doit rester un lieu de rencontre, précisément. S'il faut crier pour se faire la conversation, inutile d’y aller !

Je n'y vais plus parce que je n'en peux plus de ces établissements où on ne peut pas s'asseoir à la table qui nous plaît, qu’un serveur arrogant nous présente toujours comme « réservée » alors qu'il suffit de téléphoner une heure après pour s'assurer que l'établissement ne prend aucune réservation, j'en ai marre de me faire houspiller par le même serveur si je recule un peu ma chaise pour déplier mes jambes nouées par l'entassement des tables, et que ce faisant, j'empiète de quelques centimètres sur un passage que le serveur qualifie de « lieu de travail » et qui ne saurait souffrir le moindre envahissement.

Je n'y vais plus parce que je n'en peux plus de payer quatre euros un verre de Perrier sans bulles, d'une eau incertaine qui sort d'un robinet à tout faire alors que pour deux euros de moins, un bistrotier qui connaît son métier vous apporte une bouteille qu'il décapsule devant vous.

Peut-on s'étonner par ailleurs devoir diminuer le nombre de gogos qui acceptent de payer un T-shirt 80€, un pantalon ridicule 150 €, et une ceinture en simili-cuir 200€ parce qu’elle a une boucle en forme de paire de couilles ?

Penchons-nous quelques instants sur le marché des DVD pornographiques. Chez nos amis hétéros, un DVD neuf de bonne qualité sort sur le marché entre 15 et 25 €, soit au même prix qu'un DVD conventionnel. Quelques mois plus tard, et toujours comme un DVD conventionnel, on le retrouve en solde entre 5 et 10 €. C'est un marché normal.

Concernant les DVD gay, ce sont les éditeurs gay eux-mêmes qui nous prennent pour des anormaux, et se comportent comme des bandits. Un DVD gay-porno neuf de bonne qualité sort sur le marché entre 40 et 70 €, et plusieurs mois plus tard, voire plusieurs années…, il est toujours en vente au même prix !

Exemple documenté : le charmant Johan Paulik est né à Bratislava en Slovaquie le 14 mars 1975. Il sort son premier film « Sauna Paradiso » en 1994, et le célèbre « Frisky Summer » en 1995. Alors que notre héros a fêté cette année son 30e anniversaire, ces deux films de la série Bel Ami, vieux de 10 et 11 ans, sont aujourd'hui en vente chez l'un des principaux revendeurs de DVD gay parisien au prix de 56 €. Il ne faudra pas que ce marchand s'étonne si on achète aujourd'hui nos DVD sur Internet en République Tchèque ou en Russie…

Parlerai-je aussi du racket qui se pratique à l'entrée des saunas, en vertu duquel un homme de mon âge doit payer son entrée 50 % plus cher qu'un jeune homme à la mode ? C'est en appliquant en 2005 des méthodes commerciales de 1935 que les commerçants gays sont en train de tuer leur poule aux oeufs d'or.

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