mardi 7 mars 2006

22° Les loups sortent du bois.


La manifestation contre le Contrat de première embauche n’a pas encore commencé que les tenants du Medef tentent déjà de la décrédibiliser.

A cet égard, Claude Goasguen, président du groupe UMP au Conseil de Paris a laissé échapper le mot qui décrit parfaitement les enjeux. Ce matin, il a déclaré que les manifestations en cours à l’heure où j’écris étaient le fait « d’étudiants politisés ».

Deux mots pour décrire un monde. Deux mots qui nous renvoient aux sombres périodes des Peyrefitte, Poniatowski et autres Marcellin qui tentèrent de s’opposer au monde de l’intelligence et de l’humanisme autour de 1968.

Pour monsieur Goasguen, un « bon étudiant » n’est pas « politisé ». Ce doit être une sorte de soldat, d’ordinateur vivant qui met ses compétences à disposition des systèmes de profit sans réfléchir et sans poser de questions. « Agir et fermer sa gueule » comme on dit chez les paras.

Avant mai 68, on ne pouvait pas être de droite ou de gauche. On était de droite ou gauchiste. Le langage officiel s’était bien gardé de créer le mot « droitiste », pour bien faire passer dans la conceptualité des mots que l’on était soit naturellement de droite, soit partisan d’un mythe sans existence réelle.

Jusqu’en 1981 et l’avènement des radios libres, le langage officiel du gouvernement était de s’auto-désigner par le vocable « la majorité », réduisant à des miettes de minorités les opinions qui s’opposaient à lui. C’est au point que la droite s’est trouvée face à de vraies lacunes de communication lorsque le 10 mai 1981, elle est soudain devenue « la minorité ».

Le langage officiel qu’elle avait élaboré au fil des ans en contrôlant les médias avait à ce point dévalorisé le mot « opposition » qu’elle trouvait dégradant de se l’attribuer !

Même lorsque ces messieurs de l’UMP nous présentent aujourd’hui un projet comme le CPE qu’ils décrivent comme un instrument de progrès, les mots qu’ils emploient pour nous le faire avaler nous rejettent impitoyablement 50 ans dans le passé. Si on est contre, on est « politisé ».

Quelque part, c’est vrai. Il va falloir aller au bout de la guerre du vocabulaire et crever l’abcès :

Etymologiquement, la politique, c’est la vie de la cité, la vie de tous les citoyens. Si on s’y intéresse, on fait vraiment de la politique.

Sinon, on fait autre chose. Mais quoi ?

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