jeudi 30 mars 2006





31° Maladie professionnelle ?

PARIS (Reuters) - Quatre-vingt-trois pour cent des Français sont contre le maintien en l'état du contrat première embauche (CPE), selon un sondage CSA paru ce matin dans Le Parisien-Aujourd'hui en France.

D'après cette enquête réalisée le 29 mars, soit au lendemain de la plus grande journée de mobilisation à ce jour contre le CPE, seulement 12% des Français sont pour le maintien du contrat tel quel, contre 42% favorables à une suspension dans l'attente d'une solution, et 41% pour le retrait pur et simple du texte.

Le 15 mars, suivant un sondage CSA paru dans « I-Télé », et « le Parisien - Aujourd'hui en France », ils étaient déjà 68% partisans du retrait du CPE

Mais on peut dire aussi « seulement 68%. » Car comme le dit avec humour un étudiant toulousain sur l’antenne de France-Info « Aucun problème pour maintenir la mobilisation, Villepin s’en charge très bien tout seul ! » D'ailleurs, depuis, il a reçu l'aide de de Robien!

J’ai dîné mardi soir avec quelques amis, dont deux bien à droite, attendu que je ne suis pas sectaire. (Avez-vous remarqué que les gens de droite accusent toujours ceux de gauche d’être « sectaires » au mieux, et « assistés » au pire ?). Ils ont tout un vocabulaire pour ça. En tout cas, mes amis et moi savons débattre sans nous jeter notre vin à la figure.

Tous sont d’accord pour dire qu’il existe « un problème Villepin » et qu’il est plus psychopathologique que politique. Même le Medef (j’ai réussi ! D’habitude, j’écris « Merdef », ce qui est incontestablement un acte manqué…), même le Medef, donc, ne le soutient que du bout des lèvres. Souvenons nous que notre cher patronat, à la découverte du texte, avait commencé à laisser entendre qu’il n’avait pas besoin d’un machin pareil.

C’est à la demande du gouvernement qui lui a dit : « on fait ça pour vous, ne tirez pas sur votre pianiste » que Laurence Parisot, la patronne des patrons, s’est fendu d’un discours plutôt discret devant un minimum de journalistes pour faire semblant de soutenir l’usine à gaz

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Bref, mes amis et moi en avons conclu que Juppé avait trouvé là un concurrent sérieux au concours d’arrogance et de mépris, et que l’entêtement de Villepin commençait à être préjudiciable au pays tout entier, des gentilhommières de Neuilly aux Assedic de la Courneuve.

L’arrivée du « Canard Enchaîné »mercredi matin nous a rassuré ; nous n’étions pas les seuls à entrevoir quelques manifestations psychopathologiques dans l’attitude de messire Villepin. Le Canard aussi ! En première page, l’éditorial est intitulé « le monologue social » et juste à côté, un article très amusant intitulé « Graine de violence » dit que si on avait appliqué au petit Dominique de G. de V. la méthode de détection des délinquants dès la maternelle préconisée par Sarkozy, on aurait certainement pu l’écarter à temps des allées du pouvoir et éviter qu’il ne vienne y faire tant de dégâts aujourd’hui !

Page 2 à droite, le forcené de Matignon reçoit l’hommage d’un connaisseur : celui de Juppé en personne qui, de son exil canadien, se permet de l’humour sur la question ! Fallait oser !

Ont-ils oublié que Chirac, c’était 19% au premier tour de 2002, et que Villepin, qui aime écouter « ceux qui ne manifestent pas » pourrait se souvenir que 81% des français ne l’ont pas choisi, mais élu par défaut ? Voilà une bonne occasion perdue d'appliquer ses principes! D'autant que, comme son auteur qui n'a jamais été candidat à aucune élection, son texte est, lui aussi, passé à travers les mailles de la démocratie, puisqu'il n'a été ni concerté ni voté!

Quant à l’incendiaire de Robien, qui a demandé aux proviseurs de recourir à la force publique pour dégager les lycées bloqués, il a pu constater ce matin qu’aucun des 178 proviseurs concernés n’avait suivi son conseil… Heureusement ! Il n’a fait que renforcer le mouvement et achever de convaincre les quelques professeurs et parents d’élèves encore indécis…

Dans n’importe quelle entreprise privée, tant d’incompétence et d’irresponsabilité constitueraient une cause de licenciement réelle et sérieuse, sans qu’il soit nécessaire de recourir à un CPE pour cela !!

Bref, la république a-t-elle besoin d’un négociateur habile ou d’un docteur des boyaux de la tête pour se pencher sur le cas préoccupant de son premier ministre ? En tout cas, si on ne trouve pas très vite une solution, j’ai bien peur qu’elle ait prochainement besoin de chirurgiens et de réanimateurs.

Le drame est que tout cela donne raison à Sarkozy, qui reprochait à son rival Galouzeau de ne jamais s’être soumis au verdict des urnes. Ça commence à se remarquer très fort. On se plaignait déjà de la distance entre le bon peuple et ceux qui le gouvernent, mais dans le cas Villepin, cet écart n’est plus abyssal, il relève de l’astronomie. Villepin vit manifestement sur une autre planète, où les palais sont construits en ivoire.

Lequel Sarkozy, a reçu comme chaque mois à la salle Gaveau les nouveaux inscrits de l’UMP, dont un certain Steevy, qui vient de se voir retirer son permis de conduire (il l’avait enfin eu ??? ) pour avoir conduit sa BMW à 167 Kmh dans les Pyrénées Orientales. Il n’aurait pas du s’écarter des Champs Elysées…

Steevy nous avait déjà ébloui en déclarant l’an dernier dans une émission de Ruquier : « ils font la grève pour s’amuser, et pendant ce temps là, nous, on ne peut pas travailler ». Peut-être a-t-il voulu ce jour là nous faire croire qu’il prenait le métro ?

Il a récidivé mardi dernier, toujours dans l’émission de Ruquier en attaquant bille en tête (c’est à peu près tout ce qu’il peut y mettre…), en attaquant donc le Secrétaire Général de l’Union Nationale Lycéenne Karl Stoeckel :

"Vous, les manifestants, vous ne savez même pas ce que c’est le CPE, laissez les patrons créer des emplois ! »

C’est vrai qu’en matière de recherche d’emploi, Steevy a des méthodes bien à lui… En tout cas, comme j’adore Christophe Alévèque et Gérard Miller, je ne voudrais pas devoir leur porter des oranges en prison après qu’ils aient étranglé le trublion. Il vaudrait mieux que Ruquier mette fin d’urgence au CPE de Steevy, histoire de lui faire toucher du doigt la précarité de l’emploi.




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