vendredi 11 août 2006


57° Information et Cie.


Le Parisien libéré d'hier faisait une double page, -- avec titre à la une --, sur la recrudescence des agressions homophobes. Malgré le nombre de cas effroyables dont la presse fait état depuis quelques années, je ne pense pas que l'on puisse vraiment parler de recrudescence. Cette soudaine médiatisation est la conséquence la plus directe de la loi sur la pénalisation des agressions homophobes que nous avons fini par obtenir. Nous sommes passés de la rubrique « chiens écrasés » à la rubrique « délits avec circonstances aggravantes », et c'est cela et rien d'autre qui nous vaut les honneurs de la presse.


Depuis la découverte de mon homosexualité dans les années 60, mon parcours a toujours été semé d'histoires épouvantables, de passage à tabac, de guet-apens tendus à de pauvres dragueurs, de blessures honteusement soignées à la maison parce que j'ai vécu une époque où on n'osait même pas porter plainte, et de crimes crapuleux qui ont frappé aveuglément autour de moi, un peu comme les bombes dans la banlieue de Beyrouth. Je suis passé entre les gouttes parce que j'ai eu la chance, aussi parce que je ne suis pas trop provocateur, également parce que je suis plutôt prudent et que je ne reçois pas n'importe qui. Mais je peux dresser une liste de disparus, sinon des amis, du moins de gens que je connaissais au moins de vue, que l'on a retrouvés chez eux dans leur sang, qui ne sont jamais revenus de vacances exotiques, qui se sont faits vider leur appartement, voler leur voiture, leur carte bleue avec coups et blessures à l'appui. Disons seulement que notre liberté nouvelle et internet, en multipliant les occasions de rencontre, ouvrent de nouvelles portes aux voyous.

À l'époque, la mentalité de la bonne bourgeoisie, -- celle qui faisait l'information et qui rédigeait les lois --, consistait quasiment à dire « c'est bien fait pour eux » --. Il nous a fallu pendant 40 ans marcher tête haute face aux injures et aux menaces pour obtenir de la république qu'elle veille à ce que sa devise nous soit appliquée, à nous aussi pauvres pédés. Ce qui oblige maintenant la presse à découvrir que nous existons autrement que dans la rubrique des faits divers.

Il n'y a donc pas « recrudescence des agressions homophobes », il y a simplement la découverte, la mise au grand jour d'un massacre qui n'a jamais cessé, d'une persécution systématique et compulsive qui se poursuit depuis des siècles, la dénonciation d'un scandale que notre société a jusqu'ici caché honteusement dans les replis de sa morale.



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Et pendant ce temps-là, la Pologne....! Vous finirez par croire que j'ai une dent contre la Pologne et les Polonais ! Dans chacun de mes articles, elle revient à la surface. Je n'y peux tout de même rien si elle multiplie les provocations aux libertés et les atteintes aux droits de l'homme avec tant de constance et d'opiniâtreté. Ou en étions-nous restés ? Ah oui : la Pologne s'est donnée pour mission de rétablir la morale chrétienne en Europe... Elle vient de passer en phase deux: rétablissement de la peine de mort...

Le gouvernement polonais veut faire modifier la Convention européenne des droits de l'Homme, --rien que ça--, de manière à autoriser la peine de mort, a déclaré Przemyslaw Gosiewski, proche collaborateur du Premier ministre conservateur Jaroslaw Kaczynski. (Agence PAP, 27706). Le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), René van der Linden, a bien essayé d'expliquer dans une lettre que l'Europe entendait résolument tourner le dos au Moyen Âge, et que pareil débat n'était plus de mise. Peine perdue !

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Les activistes de la ligue des familles polonaises se sont mis en devoir de recueillir les 500 000 signatures qui permettent, dans la constitution polonaise, de susciter un projet de référendum d'initiative populaire . Pour cela, ils dressent des stands à la sortie des églises et sont sur le point de gagner leur pari. Les agités sont certains de leurs succès : les sondages donnent de 70 à 80 % de partisans de la peine de mort dans le pays. Là où on comprend qu'on n'est pas sorti de l'auberge avec ces braves gens, c'est lorsqu'on écoute le président de la république Lech Kaczynski dans une interview à la radio publique: « je suis un partisan convaincu de la peine de mort nous dit-il. Il est grand temps de lancer un débat européen. La Pologne a bien le droit de faire le ménage chez elle sans subir bêtement tout ce que l'union européenne lui impose... Je ne vois pas pourquoi certains pays auraient évolué sur la question du mariage des homosexuels, par exemple, et n'évolueraient pas sur le sujet de la peine de mort. Chaque État membre devrait avoir une totale liberté de sa législation, exactement comme les états américains ».

L'hystérie à l'eau bénite serait-elle contagieuse? Jusqu'ici, cette redoutable agitation s'était abattue sur les catholiques polonais un peu comme la vérole sur le bas clergé, voilà maintenant que la contagion s'étend aux protestants hollandais... Comme quoi l'attitude résolument libertaire d'un pays finit toujours par susciter des réactions violentes.... Libération du 2 août nous apprend qu'un jeune batave de 16 ans s'est vu refuser son inscription à une école ultra-protestante d'Utrecht parce que sa famille possédait la télévision et Internet, et que sa soeur sortait en pantalon sur la voie publique..




En France aussi, on tient en laisse la liberté d'informer. Le médiateur de la république a chargé l'indiscutable Robert Badinter d'une enquête sur les conditions de vie des 60 000 détenus de France, ce qui a donné lieu à la distribution d'un questionnaire à chacun d'eux, qui devrait permettre, s'il ne sert pas de papier hygiénique aux matons, de dresser un tableau relativement objectif de la situation. Le combat n'est pas nouveau, et un petit journal semestriel, « l'Envolée », qui existe depuis déjà cinq ans s'est donné pour vocation de publier les comptes-rendus des prisonniers précisément sur leurs conditions de détention. C'est donc une bonne partie du travail et qui est déjà fait, et la commission d'étude devrait annexer les archives de ce journal à sa banque d'informations. Eh bien non. Les informations recueillies par le questionnaire officiel sont les seules valables ! « L'Envolée » essuie des séries de procès sur citation directe de l'administration pénitentiaire. Deux dans les six derniers mois. Ne fait pas de l'information qui veut.....



Information étrangement maîtrisée aussi que celle de la mairie de Paris à propos de la circulation. Le maire de Paris est tout de même le premier maire du monde à avoir réussi à organiser des embouteillages à trois heures du matin. Chapeau bas, monsieur Bertrand!. Depuis que certaines rues se sont remplies d'obstacles au point de ressembler à un flipper ou à un billard à champignons, l'embarras de la circulation parisien est devenu un fléau permanent. On peut dresser des listes entières de ses inconvénients.

D'abord, le nombre d'obstacles divers qui encombrent les rues est si grand que les voitures les heurtent fréquemment. Il y a des rues transformées en labyrinthe comme le boulevard Saint Marcel où les automobilistes les plus aguerris ne savent plus où il faut passer. Il en résulte de nombreux petits défauts de parallélisme qui affecte la tenue de route desdits véhicules lorsque d'aventure ils prétendent freiner à grande vitesse sur une autoroute... La semaine dernière, j'ai aidé à sortir de sa voiture un pauvre automobiliste qui avait parcouru 200 m sur le toit pour avoir essayé d'éviter un chat. " Je n'y comprends rien bégayait-il, une voiture qui a toujours si bien marché et qui a toujours freiné bien droit... »

Ensuite, les calculs sur la pollution sont pour le moins fumeux, si l'on peut dire. On s'amuse bien à mesurer le taux de ci et de ça à certains carrefours, mais le bilan global ne tient aucun compte du nombre de voitures qui sont passés, -- ou qui ne sont pas passées --, à cet endroit. La notion de « service rendu » est totalement absente de la gestion des embouteillages parisiens. On mesure la fumée, mais on se fout éperdument de savoir si les citoyens ont pu se rendre où ils voulaient aller, combien de temps ils ont mis pour y parvenir, à combien de rond-points et de bordures ils ont heurté leurs jantes, s'ils ont pu travailler, faire ce qu'ils avaient à faire rentrer chez eux ensuite.

Ainsi par exemple, on persiste à mettre dans le même sac ce qu'on appelle « les deux-roues motorisés » et les voitures. Il y a même des hystériques qui clament qu'un scooter est plus polluant qu'une voiture ! Alors qu'à trajet égal, le scooter fonctionne quatre à cinq fois moins longtemps, ne fait jamais de sur place, n'est jamais bloqué et ne tourne pas une heure pour stationner. Si un automobiliste sur trois adoptait le scooter, le problème des embouteillages serait résolu du jour au lendemain... Mais on préfère les solutions technocrates et stupides: transformer nos belles avenues en jardin de Oui-oui, rétrécir les passages jusqu'à rendre les interventions des pompiers et des ambulances quasi impossibles, et dégoûter les gens de venir à Paris.

Sur ce point-là, ils finiront par réussir. Même si je suis pourvu d'un scooter, je vais de moins en moins à Paris, ma petite bande a découvert de nombreux petits restaurants fort agréables en banlieue, et M. le maire de Paris découvrira bien un jour que sa ville ne comporte « que » 2 millions d'habitants, et qu'elle n'aura plus le même train de vie lorsque 10 millions de banlieusards cesseront de venir y faire leurs affaires.



Les services secrets anglais ont découvert « juste à temps » un complot majeur qui visait à faire exp loser en vol un certain nombre d'avions du parc americano britannique. Peut-être c'est vrai, peut-être ça ne l'est pas tant que ça... D'abord, ce n'est pas la première fois que les Britanniques découvrent un gros complot sur le point d'exp loser, et que l'enquête n'aboutit à rien. La seule fois où ça a vraiment exp losé, les services secrets n'avaient rien vu venir. Il est donc permis de rester dubitatif...

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D'autant plus que cette fracassante annonce médiatique a été accompagnée d'un discours d'un des chefs de la sécurité britannique, -- en français s'il vous plaît --, que j'ai entendu sur France Info, qui était absolument contre-productif et achevait, -- si besoin était --, de semer le doute dans les esprits cartésiens. Ce brave homme disait en substance « les terroristes is lamistes en veulent au monde entier, ils savent très bien qu'il y a des voyageurs de toutes les nationalités dans les avions entre l'Angleterre et les États-Unis, et notamment beaucoup de Français. Les Français devraient se sentir concernés par cette menace. ».

L'affaire est assez délicate pour qu'on ne fasse pas trop de commentaires. Mais comment ne pas noter que la révélation de ce complot tombe à point nommé au moment où l'opinion internationale commence à trouver qu'Is raël a la main un peu lourde au Liban, que nombre de gens pourtant très objectifs commencent à estimer qu'on n'écrase pas une mouche sur un crâne avec un marteau, et que les bombardements conduisant à la quasi éradication des infrastructures libanaises et à l'anéantissement de villages et de quartiers entiers sont hors de proportion avec quelques missiles datant des années 30 (les katiouchas, ce sont les "orgues de Staline") qui ne possèdent aucun système de guidage, tombent absolument au hasard et dont 95 % s'abattent d'ailleurs en rase campagne dans les champs Is raéliens.

Alors... Concernés? Et si oui, par quoi au juste?

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