mardi 10 octobre 2006

62° Au-delà des discours officiels,

les vilains mots…

L’étude des causes du désintérêt des populations pour la vie politique vient de s’enrichir de quelques cas pendables de dérapage verbaux qui démontrent encore, si besoin était, que les hommes politiques vraiment sincères se comptent sur les doigts de la main… d’un manchot.

Pour mémoire, après le pain et la brioche de Marie-Antoinette, on doit un des plus beaux lapsus de l’histoire à Raymond Barre qui, en octobre 1980, suite à l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic, avait dit en direct à la télévision que « la bombe avait également tué deux innocents qui se trouvaient dans la rue au moment de l’explosion ».

Douste Blazy, Condorsay pour les intimes, lui, pêche plutôt par ignorance. Il confond Taïwan et la Thailande, la Lettonie et la Lithuanie, mais sa plus douloureuse, il l’a pondu en visitant le musée Yad Vashem de la Shoah, à Jérusalem. S’arrêtant devant une carte d'Europe qui présente sur chaque pays deux colonnes figurant l'importance des communautés juives avant et après la seconde guerre mondiale. Le ministre français s’enquiert: "Mais… il n'y a pas eu de juifs tués en Angleterre ?" Réponse gênée du conservateur du musée : "Mais, Monsieur. le ministre, l'Angleterre n'a pas été occupée par les nazis." M. Douste-Blazy ne bronche pas, et reprend après avoir réfléchi : "Mais alors, il n'y a donc pas eu de juifs expulsés d'Angleterre ?"

Plus près de nous, une quasi-altercation a récemment opposé à l’assemblée nationale le ministre Sarkozy et le maire socialiste de Cachan Jean-Yves Le Bouillonnec à propos des immigrés réfugiés dans le fameux gymnase.

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Première charge de Sarkozy :

« Ce n’est pas l’Etat, ce n’est pas le gouvernement qui a décidé, au mépris des conditions d’hygiène élémentaire, d’installer ces malheureux dans un gymnase, c’est le maire socialiste de Cachan qui a pensé faire un coup politique en utilisant la misère de ceux-là même à qui le gouvernement proposait des hébergements ».

Alors que Le Bouillonnec répond en demandant s’il devait laisser femmes et enfants passer la nuit dans la rue, attendu que leur relogement passait par l’hypothétique étude d’un dossier par une improbable bureaucratie, Sarkozy, manifestement excédé, (la pression monte vite dans un karcher), revient à la charge :

« Certes les personnes hébergées dans le gymnase devraient remplir des dossiers pour pouvoir se voir attribuer des logements sociaux mais en aucun cas leurs demandes ne devaient passer avant celles des « honnêtes gens » qui attendent depuis longtemps »

La démocratie enregistre donc dans son bêtisier cette nouvelle définition de la malhonnêteté qui consiste à avoir l’outrecuidance de se faire expulser sans avoir eu la bienséance de prévoir une résidence secondaire de repli.

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Bernard Tomasini, préfet du Val de Marne et affidé de Sarkozy, qui a hérité de la « patate chaude Cachan » s’est fait, lui, piéger par un canular téléphonique. Un imitateur connu s’est fait passer pour Philippe de Villiers, pour le compte du journal « Entrevue » qui a enregistré la conversation et en a publié les meilleurs moments. Enfin… les pires moments.

Notamment celui où il déclare que « malheureusement, nous n’avons pu en expulser qu’une petite dizaine »…et que « les squatteurs veulent reconstituer un village africain en plein Paris »…

Rayon homophobie, la Pologne n’a rien fait de pendable ce mois-ci, mais le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe menace de saisir le comité des ministres de l’affaire du limogeage du responsable du Ministère de l’Education polonaise au prétexte qu’il avait osé faire traduire et transmettre comme il était de son devoir une directive européenne relative à la prévention de l’homophobie en milieu éducatif.

On reste sans nouvelle de cette louable intention. Il va de soi que les explications ne viendront pas, et qu’il faudra bien un jour rentrer dans le lard. Qu’est ce qu’on attend ?

C’est en Roumanie que le président de la république Trajan Basescu vient de se faire piéger par un micro resté ouvert.

Tout le monde croyait le président Basescu ami de la cause des libertés individuelles et de la lutte contre l’homophobie. Ne s’était-il pas, l’an dernier, fait remarquer comme un ardent défenseur de la Gay Pride de Bucarest que la municipalité, avec l’appui des autorités catholiques, voulait faire interdire ?

Déception : ce n’était que démagogie et beaux discours. La semaine dernière, gêné par une question trop affûtée d’un journaliste lors d’une conférence de presse, il s’est retourné vers un de ses conseillers et on l’a entendu dire « Qu’est ce que c’est que ce pédé ? Il imagine qu’il va me coincer ? »

Et, divine surprise, contre toute attente, toute la presse roumaine stigmatise ce dérapage...






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