mercredi 9 mai 2007


94° E la nave va…

Le titre du Canard d’aujourd’hui « Ça commence Malte » donne tout à fait l’état d’esprit ambiant.

Strauss Kahn a dit avec perfidie 10 minutes après le coup de massue « C’est la troisième fois que la gauche perd une présidentielle », après avoir d’ailleurs contribué de son mieux à cette défaite. Mais les fois précédentes, le peuple de gauche reconnaissait peu ou prou « la France d’après », se retrouvait dans la bonhomie de Chirac, se rassurait derrière sa fermeté devant Bush et sa guerre en Irak, bref avait le sentiment que la France était toujours la France.

.

Cette fois-ci, on a l’impression d’un plongeon angoissant dans un inconnu glacé. Comme si les « limites de la république » étaient franchies avec ce zombie qui doit essentiellement au Front National le supplément de voix qui lui a permis de faire la différence. Comme il ne peut pas arroser sa victoire au Champagne comme tout bon français qui se respecte, attendu que le nouvel alien ne boit pas de vin, il est allé se la péter sur un yacht de milliardaire au fond de la Méditerrannée. C’est déjà oublier que le Gaulois qui sommeille en nous n’aime pas ce genre de manifestation monarchique, que la dernière fois que qu’il a entendu « s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche », le Gaulois a raccourci toute la famille pour la peine un certain 21 janvier, et que comme le nouveau provocateur n’est déjà pas bien grand, il aurait peu à gagner à être raccourci davantage.

Le petit nouveau a dit qu’il allait s’occuper de la fracture sociale, mais, cynique, il n’a pas précisé que ce serait pour la réduire. Comme il veut nous faire croire qu’il tient ses promesses, il s’est déjà attelé à cette tâche en faisant engager dans l’urgence par un gouvernement qui n’existe pas encore une série de mesures qui aura certainement du succès au clubhouse du Yacht Club de France.

Bon, la défiguration du droit de grève avec un service minimum, ça, c’est juste pour faire plaisir à Steevy qui a déclaré sans rougir dans une émission de Ruquier qu’il en avait marre de tous ces gens qui font des grèves pour s’amuser et embêter leurs contemporains. Enfin, il n’a pas dit « contemporain », il ne connaît pas ce mot, je traduis juste son filet de pensée.

Cela occupera Fillon, le futur premier ministre, qui a passé ses deux ans de Ministère des Affaires Sociales de 2002 à 2004 à démonter le code du travail et les lois de progrès social de Jospin ligne par ligne avec une patience d’horloger. Avec le droit de grève, il va pouvoir s’exercer sur une grosse horloge, mais elle risque de sonner fort.

Les autres mesures. Le bouclier à 50% d’impôts… Joli cadeau aux très riches, alors que les seules vraies victimes de l’ISF sont les citoyens qui possèdent par héritage une résidence principale dont la valeur s’est subitement accrue à cause de l’explosion de l’immobilier et qui sont obligés de vendre une maison familiale faute de pouvoir en acquitter l’ISF. L’exemple le plus connu est un vieux couple de paysans de l’Ile de Ré, qui habite une quasi-masure, mais sur un terrain dont la valeur est passée en quelques années sous les fourches caudines de l’ISF.

Il suffisait d’ajouter un alinéa concernant très précisément ce type de situation et le tour était joué. Mais la tentation était trop forte d’embarquer dans cette arche de Noé ses amis milliardaires. Voilà qui est fait. Parce qu’entre nous, qu’est ce qu’on s’en fout que Johnny Hallyday reste en Suisse !!!

Maintenant, le rétablissement de la déduction fiscale des intérêts des emprunts immobiliers…

Quel salaud de gauchiste avait bien pu supprimer cette invention de Giscard D’Estaing en 1975 ? Réponse : Alain Juppé en 1996…

En attendant, je me promène dans Paris avec mon scooter et je peux vous dire que les « manifestations spontanées » sont bien plus nombreuses que ce qu’on veut bien nous en dire à la radio et à la télé. Les rues de Paris sont sillonnées en permanence par des voitures à voyants bleus qui foncent là où le lait est en train de déborder. Et il semble bien que ça déborde un peu partout.

.

Et enfin le Café du Commerce, auquel notre nouvel élu doit une part pas négligeable de ses voix. Allez y tendre l’oreille. Je déteste les bistrots, mais c’est parfois instructif. On y entend déjà des « Si j’avais su ».

Le petit chose n’a encore fait qu’une croisière, et il y en a déjà qui regrettent leur bulletin de vote.



.

Aucun commentaire: