mercredi 3 septembre 2008

191° Les hétéros en danger et l'affaire corse

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Le grand oubli de l'été a apporté sa dose d'évènements occultés, de petits monstres furtivement soustraits aux regards, et de décisions impopulaires prises dans le dos de vacanciers pourtant de moins en moins nombreux.


Pour commencer sur le terrain de l'homophobie, petit tour aux Etats Unis. Là-bas, on sait que la chaîne NBC avait l'exclusivité de la retransmission des chinoiseries olympiques. NBC, souvenez vous, c'était la chaîne qui retransmettait la guerre en Irak en deux versions, une à usage interne, avec « skins » en drapeau étoilé et exhortations à la croisade que le reste du monde ne voyait pas, et l'autre, la version internationale, plus normale, mais dont les Américains ignoraient jusqu'à l'existence.


Cette tradition d'objectivité a été appliquée avec brio dans le combat pour la défense de l'hétérosexualité en péril qui est actuellement du dernier chic outre atlantique. Le plongeur australien Matthew Mitcham , après avoir reçu sa médaille d'or, a publiquement remercié sa maman et son compagnon dans une scène touchante que le monde entier a pu voir, même les Chinois, mais pas les Américains.


Voici cette vidéo devenue aujourd'hui plus célèbre par sa censure que si elle était passée noyée dans le lot de l'information pékinoise.






Évidemment ramassée par tous les médias objectifs et les associations LGBT du continent, NBC a du s'excuser en déclarant un peu bêtement « ne pouvoir couvrir tous les évènements ». Pourtant, cette chaîne s'est fait une spécialité des portraits des médaillés d'or qui font usuellement l'objet de petits sujets sur leur personnalité et leur famille, au moins en tout cas lorsqu'ils n'en profitent pas pour faire leur coming-out...




Sur un sujet très voisin, on sait qu'un des grands arguments des homophobes, -l'un des plus grotesques aussi-, consiste à dire que l'homosexualité et « la publicité qui en est faite » mettraient l'hétérosexualité en péril.


Aussi, toujours en Amérique, ces pauvres hétéros menacés dans leurs droits et dans leurs libertés, - dans leur survie, allez, disons le ! -, se sont-ils mis en devoir de faire des « straight pride » ou « hétéro pride » dans les villes hélas nombreuses où ils ne font pas trop rigoler. Un lycéen qui s'est vu refuser l'entrée de son collège parce qu'il portait un tee-shirt « straight pride » a intenté un procès en justice et l'a gagné. Le tee-shirt « straight pride » est du coup devenu un must de la coquetterie conservatrice américaine.


Louis George Tin, auteur d'un célèbre dictionnaire de l'homosexualité (auteur français, livre français) a donc ouvert un blog pour s'inquiéter de l'émancipation galopante des hétérosexuels en folie.


http://www.heterosexualite.blogspot.com/


Sa lecture est riche d'enseignements sur l'agitation quasi hystérique de toutes sortes de ligues de vertu et autres mouvements natalistes qui grouillent sous le voile confortable et anodin de cette promotion de l'hétérosexualité.


Les arguments avancés sont d'une mauvaise foi consternante: alors que les homosexuels sont douze fois moins nombreux que les hétéros, l'occurrence du mot « homosexualité » sur internet et dans les moteurs de recherche serait vingt fois supérieure à celle du mot « hétérosexualité ».


Et pour cause: les sites étant hétéro « par défaut », à quoi bon le préciser? Même si vous cherchez « homme », « garçon » ou « boy » dans un moteur de recherche, vous tomberez dans 90% des cas sur un site hétérosexuel!


On notera pour la petite histoire que le mot « hétéro » se traduit par « straight » qui signifie « droit », et ne s'oppose pas au mot « gay » comme il devrait, mais au mot « queer », qui veut dire « bizarre, tordu »... Un hasard, sans doute...



Allez, oublions tout cela pour regarder un peu le vaudeville français. « L'affaire corse » n'est plus un film, même si ça reste du cinéma. Je ne vous résume pas, il y en a plein les journaux.


Fallait-il dépêcher un escadron de CRS pour créer un affrontement dont le pouvoir aurait cru tirer le plus grand bénéfice médiatique, ou gérer intelligemment une agitation d'indépendantistes qui s'est finalement déroulée sans violence notoire et dans une ambiance presque bon enfant?

affiche américaine du film!

Suivant certaines sources, Christian Clavier, en bateau au moment des faits, aurait demandé par radio aux gardiens de servir à boire aux visiteurs, suivant d'autres, les dits visiteurs se seraient goulûment jetés sur le bar. Suivant les uns, ils auraient trinqué à la santé d'une célébrité qui n'avait fait travailler que des Corses à la construction de sa villa, suivant d'autres, les visiteurs auraient soigneusement emporté les bouteilles pour ne pas laisser d'empreintes, ce qui paraît dérisoire attendu que la manif était publiquement programmée un samedi après-midi, et qu'une heure avant, les protagonistes avaient défilé devant la mairie du village et que tout le monde -gendarmes compris- avait pu les identifier!


Ce qui semble clair, c'est que ces Corses en vadrouille n'avaient guère d'animosité à l'égard du comédien, puisque sa villa n'a ni brûlé, ni sauté, ni même été saccagée, ce qu'ils savent fort bien faire quand l'envie leur en prend. Sans doute voulaient-ils juste lui rappeler qu'il avait un copain pas très recommandable à leurs yeux.

Ouest-France, mardi 2/9


Ce qui saute aux yeux, par contre, c'est que Sarko aurait fait son miel du saccage de la villa de son copain Clavier, et que Dominique Rossi, en gérant la situation au seul encan du maintien de l'ordre le plus républicain et au mépris de toute possibilité de récupération politique, l'a privé de ce plaisir.


On n'a pas fini d'en parler. Et c'est tant mieux. Car la transformation de notre pouvoir en petit club privé est inquiétante, et l'habileté de sa communication digne des propagandistes les plus affirmés de l'histoire.


Examinons la déclaration de Christine Lagarde lundi, réclamant l'adoucissement de l'impôt sur la fortune, immédiatement contredite par le premier ministre.


Couac de communication? Cela m'étonnerait vu le nombre et la qualité des spécialistes qui transpirent sur le sujet à l'Elysée. Plutôt clin d'oeil aux « gauchistes » soigneusement mis en scène pour tenter de désamorcer le caractère explosif d'une rentrée lourde de menaces sociales.


Une petite mouche au dessus-du rôti, et paf! un grand coup de tapette! Mais non, peuple de gauche chéri, on ne touchera pas (cette année) à l'ISF. Petit cadeau qui ne coûte rien: inventer une menace absolument virtuelle pour l'anéantir à grand tapage. C'est pas cher et ça peut rapporter gros, ou en tout cas calmer quelques velléités du genre de celles qui font voler les pavés.


Car on ne me retirera pas de l'idée que si nous voyons actuellement ressurgir la lutte des classes, c'est à l'inverse du schéma traditionnel que nous en connaissions: dans le passé, c'était les classes laborieuses qui voulaient découdre les redingotes des possédants et les accrocher aux lampadaires, aujourd'hui, c'est à l'initiative des classes nanties qui ont juré l'extinction des classes moyennes et sa fusion dans le lumpenprolétariat.




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