vendredi 20 février 2009

235° La preuve que c 'est possible.

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Monsieur Sarkozy est pourtant peu généreux, qui voudrait que les entreprises repartissent leurs bénéfices en trois tiers égaux, l'un étant réinvesti, l'autre distribué aux actionnaires et le troisième reversé en intéressement aux travailleurs qui ont quand même fait le boulot.


Le Canard Enchaîné du 18 février fait, en bas de la page 1, le calcul avec les chiffres de Total. Entreprise qui a fait de somptueux bénéfices, mais cela donne justement une idée de ce que pourrait être la relance par la consommation.


Si Total reversait le tiers de ses 13,9 milliards d'euros de bénéfices à ses 40 000 employés, chacun recevrait 115 000 €.! Au lieu de ces 33%, Total s'apprête à reverser 0,8%, soit 109 millions, ce qui fait 2725€ par esclave. Quarante fois moins.


Or en dehors des raisons inavouables, comme la priorité donnée à l'économie sur l'homme alors que l'économie devrait être et rester un outil à son service, le patronat aligne des raisons idiotes qui empêcheraient de procéder à une telle redistribution. La plus grotesque , et c'est la direction de Total qui l'avance, est que « ce serait plus difficile à calculer ». C'est vrai que 33% et des parts égales, pour un service comptable habitué à servir les primes à la tête du client, c'est un bond dans un monde inconnu. Mais avec des ordinateurs, on devrait quand même y arriver, non?


La seconde, exprimée plus ou moins ouvertement pas un certain nombre de dirigeants, c'est que « les employés s'en foutent », travaillent « par dessous la jambe ». C'est le plus bel exemple de contre sens qu'on puisse imaginer. A les entendre, il faudrait que ce soit la charrue qui tire les boeufs.


J'ai eu le privilège de travailler longtemps dans une entreprise qui était la première de son secteur en Europe. On ne nous servait pourtant pas 33% d'intéressement, mais suffisamment pour que nous ayions conscience d'être mieux là que chez n'importe lequel de ses concurrents. On ne sacrifiait ni la routine ni la maintenance pour « compenser » les surcroîts de travail, ils étaient payés rubis sur l'ongle en heures supplémentaires. Alors, il pouvait nous demander à peu près n'importe quoi. Dans un métier fertile en événements exceptionnels, on trouvait toujours quelqu'un pour faire l'impossible, assurer des prodiges et imposer notre savoir faire.


Notre PDG était raillé et qualifié de gauchiste par ses concurrents malheureux. Pourtant, ce n'est pas cette gestion généreuse qui a provoqué le déluge. Au contraire: nous étions motivés, reconnus, enthousiastes à l'ouvrage et les affaires allaient bien. Sans doute trop bien. Car c'est précisément cette opulence qui a fini par attirer dans le capital des vampires qui ont saigné la poule aux oeuf d'or.


Les notes de service apportant diverses restrictions ont fini par arriver. Nous n'étions plus maîtres de nos plannings, les événements furent payés en récupérations dont nous ne pouvions même plus choisir la date, le choix de nos technologies, jusqu'ici réservé aux spécialistes, a été transféré aux comptables, et s'est donc exercé en fonction du baratin des commerciaux au plus total mépris des réels besoins technologiques. Des cadres administratifs aussi coûteux qu'inutiles ont été nommés pour faire respecter ces règles paralysantes, nos intéressements ont diminué.


Et notre motivation aussi. Nous avons petit à petit perdu notre enthousiasme, cessé de faire l'impossible. Notre compétitivité a disparu en même temps que la reconnaissance dont chacun avait besoin pour rester excellent.


Ces baisses de résultats ont affolé nos nouveaux apparatchiks. Ils avaient fait des écoles de management, pas nous. Tout ce qui arrivait était donc de notre faute, pas de la leur. Alors, ils ont serré la vis.


Les meilleurs éléments assez jeunes sont partis se recaser ailleurs, ce qui a accéléré le naufrage. Avoir appartenu à l'entreprise leur a permis d'être embauchés immédiatement par les concurrents.

Les plus anciens, dont j'étais, plus difficilement recasables, ont été poussés vers la sortie. C'est ainsi que j'ai terminé ma carrière à l'ANPE. (dans une situation de + de 58 ans dispensés de recherche d'emploi, niche fermée ensuite par Sarkozy, précipitant ainsi dans l'exclusion tous ceux qui n'avaient pas de quoi survivre jusqu'à leur retraite.) .


Voilà comment une entreprise va bien quand ses dirigeants savent motiver ses forces vives, et voilà comment elles stagnent et périclitent quand on cesse de reconnaître le travail et la valeur des gens et qu'on les traite comme un troupeau.





Nicolas Sarkozy vient de découvrir les Dom Tom. Il n'est jamais trop tard pour faire un peu de géographie. Il y a des années que ça rouspète là-bas, et qu'on les calme en encensant Aimé Césaire, il y a deux mois qu'ils font la révolution, mais ces territoires sont si petits.


Là, il y a eu un mort, alors on va faire quelques cadeaux. Qui vont sans doute arriver comme un cheveu sur la soupe, car on sait à quel point les saupoudrages coûtent plus cher qu'ils n'ont d'effet.


En France, on fait aussi de l'inutile, comme ce cadeau du troisième tiers provisionnel qui offre un pourboire à une très étroite tranche de contribuables, coincés entre ceux qui ne paient pas d'impôts et qu'on a donc oublié, et ceux qui en paient plus et dont on croit toujours qu'ils vont rester vos fidèles électeurs.


Monsieur Sarkozy a été pendant des années un fervent admirateur de la gestion à l'anglaise de l'économie d'un pays. Mais voilà que les Anglais décident de faire de la relance par la consommation en diminuant la TVA. Du coup, ils cessent d'être un modèle à suivre, on les critique et on s'oppose à eux en prétendant que « la relance par la consommation, ça n'a jamais marché ».

Quelle erreur! Souvenez vous des années qui ont suivi mai 68 et ses grosses augmentations de salaire... Encore aujourd'hui, on les appelle « les glorieuses ».


Mais il ne faut pas parler de mai 68 à un monsieur qui a décidé, comme big brother, d'effacer cet épisode de l'histoire, alors que pourtant, il ne serait rien sans lui... Si mai 68 et l'explosion de la vieille morale n'étaient pas passé par là, aurions nous aujourd'hui un président divorcé et remarié à un mannequin-chanteuse?




Question progrès en marche, l'ONU offre un spectacle significatif. Madame Rama Yade ayant remis au goût du jour la dépénalisation universelle de l'homosexualité, la résistance se constitue.


On trouve au premier rang...le Saint Siège, qui a recruté les autres vociférants dans les rangs des grands amis du progrès et des libertés. Pensez, on trouve là l'Iran, l'Egypte, le Burundi, le Soudan, L'Arabie Saoudite, le Nigéria, le Yemen et autres notoire piliers des droits de l'homme.


En avril prochain à Genève doit se tenir une conférence internationale sur le racisme, et il est question d'ajouter l'orientation sexuelle au nombre des critères d'exclusion et de discrimination dont il convient de protéger les pauvres gens. Autrement dit de s'aligner sur les pays civilisés qui ont depuis longtemps pris cette mesure. On travaille dur à New York autour de cet enjeu.


Le lobby homophobe est maintenant constitué au niveau planétaire autour des monothéistes de l'ONU et communique à tour de bras. Il serait urgent d'en choper quelques uns avec la main dans le caleçon d'un autre pour faire taire cette résurgence moyenâgeuse.




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