lundi 11 mai 2009

255° Et maintenant... les commissaires politiques...

.




Le président de tout avait promis des réformes, en voilà...


Depuis l'avènement du personnage à la tête de l'UMP, bien avant son élection, on sentait le fonctionnement de ce parti dériver de l'objectif de faire avancer des idées, but légitime d'un parti politique, vers une quête d'appropriation des rouages du pays.


Pour mieux cacher les balayures sous le tapis, le régime s'est fendu de quelques postes « d'ouverture » qui auront au moins eu le mérite de tester la sincérité des convictions des quelques personnages de gauche auxquels des propositions ont été faites. (En fait, la récolte a été mauvaise, les tentatives de débauchage ont été nombreuses, ceux qui ont accepté se comptent sur les doigts d'une main).


Cette opération très médiatique était l'arbre qui cachait la forêt. Ami, voire familier des patrons de presse et de télévision, l'Elysée place ses pions avec stratégie et constance aux commandes du plus grand nombre d'institutions possible.


La liste est longue, survolons la seulement: Laurent Solly, ami très proche du président et ancien directeur adjoint de sa campagne entre à la direction générale de TF1, François Pérol passe à la tête de l'AMDB (le conglomérat Caisse d'Epargne – Banque populaire ) par anticipation de la décision de la commission de déontologie, Jean Pierre Jouyet, spécialiste du grand écart et transfuge du parti socialiste devient directeur de l'AMF (autorité des marchés financiers) sans l'aval du parlement, avec un salaire du poste augmenté par décret de 50% le 15 février, Pierre Mariani, ancien directeur de cabinet de Sarko-ministre-du-budget passe à la tête de la banque Dexia, Christine Ockrent, épouse du ministre des affaires étrangères, est nommée directrice générale du holding audio-visuel extérieur de la France (AEF), Michel Péchenard, ami d'enfance du président devient directeur général de la police nationale, et Michel Gaudin, proche de Claude Guéant, devient préfet de pllice de Paris à la place du chiraquien Pierre Mutz...et ainsi de suite...


http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/actualite/economie/les-nominations-polemiques-de-sarkozy_743089.html



Après cette infiltration, phase 2: place au verrouillage. Maintenant que les têtes de pont et autres collaborateurs dormants ou pas sont en place, le fonctionnement sectaire du système peut être lancé.




Monsieur Jérôme Bourreau Guggehheim est salarié à la direction de TF1. Précisément responsable du pôle innovation du site TF1.fr. Conformément au code du travail, il a bien sûr un devoir de réserve qui l'empêche de s'exprimer au nom de son entreprise, mais n'étant ni militaire ni policier, il peut toujours s'exprimer en son nom personnel sur les sujets qui lui plaisent... ou lui déplaisent..


C'est ainsi que conformément aux recommandations de l'APRIL, de la Quadrature du Net et du magazine SVM, il écrit à sa député madame de Panafieu, pour lui demander de ne pas voter pour cette loi.


C'est là que la mécanique de la police politique se met en route. La député transmet le message à son amie de l'UMP Albanel, ministre en charge du projet, dont « une collaboratrice trop zélée » fait remonter une copie à la direction de TF1, qui licencie le protestataire pour ses opinions personnelles.


Sommée de s'expliquer, TF 1 émet le communiqué suivant:


http://www.tf1.fr/tf1-et-vous/reponse-a-vos-questions/bonjour-pouvez-vous-expliquer-le-licenciement-de-mr-jerome-bourreau-4406123.html


qui explique clairement que les positions du licencié « sont contraires aux déclarations officielles du groupe TF1 […] et incompatibles avec ses responsabilités au sein de e-TF1... » , et se paie même le luxe de « [voir aller] sur la place publique […] une affaire strictement interne »...


D'après ce que raconte l'intéressé dans un interview:






elle pourrait même devenir assez publique pour aller jusqu'en justice... Depuis quand une entreprise entend-elle maîtriser les opinions personnelles de ses salariés et les empêcher de les exprimer à titre privé?


Il s'ensuit une campagne de censure des messages des téléspectateurs scandalisés sur le site de TF1:


http://www.pcinpact.com/actu/news/50760-tf1-commentaire-effacement-hadopi-licenciement.htm


qui aboutit à la création d'un site spécialement dédié à la publication des messages estourbis par les modérateurs de TF1. (cherchez la fuite...)


http://hithlum.adm.ielo.net/~pnl/mootf1/avis.html


qui reprend utilement les articles 12, 18, 19 et 27/1 de la déclaration Universelle des Droits de l'Homme.


Pour désamorcer le volcan qui gronde, madame Albanel suspend son collaborateur zélé un mois.

Ainsi, l'innocent aura été licencié et l'indélicat seulement suspendu.



Du coup, l'agitation dans le marigot trouble l'eau claire de la vérité officielle.


L'association la Quadrature du Net épluche la liste des « artistes qui défendent la loi Hadopi et la trouve largement bidonnée... C'est ici:


http://bluetouff.com/2009/04/16/hadopi-la-petition-des-10-000-artistes-etait-bien-une-fumisterie/


et donnent l'exemple de certains artistes qui ont été à ce point désinformés pour la signer qu'ils se sont rétractés et militent aujourd'hui contre avec ardeur!


En bas de mon billet n° 250:


http://brethmas.blogspot.com/2009/04/251-les-amis-du-progres-ont-encore.html


je donnais acte à monsieur Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, qui affirmait que « la dénonciation est un devoir républicain », puis pour faire passer la pilule, expliquait qu'il ne fallait pas confondre l'utile dénonciation et la scélérate délation.


La boucle est bouclée. Les principes entrent en application, la secte fonctionne sous le manteau, l'espionnite règne.


Je disais la semaine dernière (je ne suis pas salarié, je peux!) que je pensais que la loi Hadopi n'était pas faite pour rétribuer le commun des artistes, tout au plus pour assurer une rente à la jet set du show bizz, mais que son utilité cachée et bien volontariste était de poser les premiers jalons d'un contrôle d'internet à la chinoise.


Pour éluder l'amendement 138 du parlement européen qui affirme qu'aucun droit fondamental ne peut être supprimé sans décision de justice, et rend caduc la loi Hadopi qui procède à des déconnections automatiques et administratives, madame Albanel prétend que la connexion internet n'est pas un droit fondamental...


http://www.clubic.com/actualite-274954-albanel-amendement-138-probleme.html


Sans doute a-t-elle mal lu l'article 19 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme, qui dit:


"Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions, et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit."


Souvenons nous de cette affiche que j'avais publiée avant l'élection du petit timonier:





.

Aucun commentaire: