lundi 25 mai 2009

260° L'état veut déshabiller les transexuels.


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A l'instar du sot qui, lorsqu'on lui montre la lune, ne regarde que le doigt, notre régime a une fâcheuse tendance à s'attaquer aux pauvres plutôt qu'à la pauvreté et aux malades plutôt qu'à la maladie.


De puis 2005, attachés à la recherche des mille et une manières de tondre le mouton, les crânes d'œuf du ministère considèrent les sommes allouées au remboursement à 100% des longues maladies comme un pactole auquel ils tailleraient bien des croupières.


Leur dernière attaque sournoise frappe de plein fouet la minuscule et fragile communauté des transexuels français..



Reprenons tout du début: Fin juin 2008, le directeur de l'assurance maladie Frédéric van Roekeghem avait proposé d'exclure de la prise en charge à 100% les médicaments soignant notamment des effets secondaires douloureux de certaines ALD. On soigne la maladie, mais pas les souffrances qu'elle engendre...


Devant le tollé provoqué, on avait renoncé à cette chirurgie de champ de bataille, et confié à une commission dirigée par Jean Pierre Dorr, député UMP du Loiret et médecin cardiologue, le soin de définir un angle d'attaque plus fin pour rentrer dans le lard de ces malades entêtés qui ne veulent pas guérir et s'obstinent à souffrir à qui mieux mieux.


La commission a rendu son rapport le 26 novembre 2008, dans lequel elle préconisait de « réserver la prise en charge aux maladies longues et coûteuses », [ce qui était déjà le cas, n'est pas classé ALD (affection longue durée) qui veut...], de prendre en considération les revenus de l'assuré, d'exclure les dépassements d'honoraires et de revoir à la baisse la liste des maladies reconnues.


Or selon Act-Up, près de 50% des personnes atteintes du VIH en France vivent en dessous du seuil de pauvreté...Pour ne parler que du VIH...


Et puis, la crise a monopolisé l'information et on ne parlait plus trop de ce chantier lorsque....



Souvenons nous au préalable que le 17 mai 1990, l'homosexualité a été radiée de la liste des maladies mentales. On n'y a pas inscrit l'homophobie pour autant, mais bon... Nous ne sommes plus des dingues. Mais la transexualité est restée dans cette liste.


…..lorsque donc Roselyne Bachelot annonce triomphalement le 17 mai dernier (journée mondiale contre l'homophobie) à la communauté trans de France et à leur associations que leurs nombreux appels avaient enfin été entendus et que la transexualité ne serait désormais plus considérée comme une maladie mentale.


Bonne nouvelle à priori, mais en dénouant le ruban rose de ce joli cadeau, les transexuels découvrent que du coup, ils n'entrent plus dans le cadre de l'ALD23 (troubles récurrents ou persistants) et sont donc exclus du remboursement à 100% pour tous les problèmes inhérents à leur situation.


Mettons tout cela sur la table: Ces remboursements sont de deux ordres: chirurgicaux, et médicamenteux (hormonaux et suivi psychiatrique).


La partie chirurgicale, malgré les apparences, n'est pas celle qui coûtait le plus cher: considérant qu'il n'existe pas en France de praticiens vraiment pointus dans cette délicate spécialité, 90% des transsexuels se font opérer à l'étranger auprès de spécialistes reconnus. Du coup, pas de remboursement. Nous avons tous entendu parler de ceux qui économisent des années pour s'offrir « la grande opération ».


Concernant le suivi psychiatrique, il faut bien considérer qu'il n'y a pas de lien de fait entre la situation de se sentir transexuel et un quelconque problème psychologique. Nous « subissons » tous notre préférence sexuelle, eux, comme les autres.


Si les transexuels ont des difficultés psychologiques, c'est à cause du regard méfiant,-voire hostile- que le reste du monde pose sur eux Ce n'est pas leur état qui les rend malades, c'est « nous »... La société qui leur cause ces désagréments leur en doit bien la réparation.


Reste les traitements hormonaux. Est-ce vraiment cela qui va couler la sécu?


A partir de là, les réactions partent dans tous les sens, mais surtout dans les mauvais.

« Ils réclament ça depuis des années, ils auraient pu prévoir »...

« Ils veulent le beurre et l'argent du beurre »..


C'est prendre le problème à l'envers. Dans la mesure où, -autant que je sache- nous ne vivons plus dans une culture traditionnelle qui a besoin de boucs émissaires, La France peut se permettre de faciliter la vie d'une minorité qui représente, d'après son association « Existrans », moins d'un pour mille de sa population.


Si ce sont vraiment des gestionnaires qui ont calculé cette exclusion, on peut s'interroger sur la validité de leur gestion, quand on voit ce que nous dépensons pour certaines autres choses, comme... un déplacement présidentiel, par exemple...


Ce n'est pas la même caisse, diront-ils? Quelle différence puisque c'est toujours notre argent qui les remplit toutes?



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