samedi 18 septembre 2010

348° Plat du jour, casserole du jour.

Dans tous les bons restos, et même dans quelques moins bons, on sert un plat du jour. Cela signifie que chaque matin, le chef se casse la tête pour mitonner un truc qu'il n'a pas servi depuis longtemps.


Au gouvernement, pas la peine de risquer la méningite. L'actualité nous apporte chaque matin une nouvelle casserole avec un sens de l'imprévu et de l'imagination qui est une véritable providence pour tous les chroniqueurs. Chaque matin, en allumant la radio, on se demande « Quelle nouvelle bourde ont-ils faite aujourd'hui? ». Et on n'est jamais déçu.


Au début du quinquennat, c'était une politique de communication parfaitement étudiée et organisée qui faisait enchaîner les nouveautés à une telle vitesse que le nouvel événement supplantait dans les médias les commentaires suscités par le précédent.

Maintenant, plus la peine qu'un bureau de comm pointu s'efforce d'enchaîner l'actualité gouvernementale. La belle machine s'est emballée et c'est le concert de casseroles qui constitue la musique de fond de l'activité de nos ministres.

Peut-être l'archiviste d'un journal a-t-il fait la liste de tous les scandales, dérapages, erreurs et gaffes de toutes sortes qui ont jalonné ces trois ans passés de sarkozisme. Avec une puissante base de données et un très gros disque dur, ça doit être possible. J'en ai trouvé un qui s'avoue pourtant non-exhastif :

Jusqu'à présent, quand une affaire produisait des catastrophes en cascades et mettait en scène de sordides imposteurs, de méchants salauds et de fieffés menteurs, on disait qu'elle ressemblait au feuilleton « Dallas ». Maintenant, on ne dit plus « Dallas », on dit "Woerth ". Ou "Bettencourt", au choix. Comme on voudra. Les personnages y sont assez nombreux pour faire durer le feuilleton plusieurs années. Cette affaire est une sorte de poulpe dont chacune des tentacules plonge dans une marmite proche du pouvoir, que ce soit par ses prolongements judiciaires avec un procureur bien intentionné qui ne se décide jamais à nommer un juge d'instruction, des notes et courriers dont on nous dit qu'ils n'ont jamais existé mais qui paraissent dans la presse, des enveloppes en papier kraft qui changent de main, des îles sans existence légale etc... etc...


Il y a aussi l'affaire des roms, qui nous a mis à dos tout ce que la planète compte d'institutions civilisées ou prétendues telles, du Conseil de l'Europe à l'Onu en passant par la ligue internationale des droits de l'homme et même le Vatican, pourtant souvent improbable en matière d'humanisme. Voilà ce matin Sarko en personne clairement démenti par la chancelière Angela Merkel et par son ministre des affaires étrangères Westerwelle lorsqu'il déclare que l'Allemagne traiterait ses roms comme nous traitons les nôtres. Effet d'annonce qui ressemble de plus en plus à un boniment de foire.


Il y a aussi toutes les lois inutiles dont le régime nous gratifie à foison en pensant naïvement que leur effet d'annonce est plus efficace que l'application des lois qui existent déjà. Un chien mord-il qu'on nous pond une loi sur les chiens, et un récidiviste récidive-t-il qu'on nous affuble d'un nouvel arsenal sur le sujet, comme si une éruption de règles allait faire disparaître le problème. La loi devrait faire le fait divers, avec Sarkozy, c'est le fait divers qui fait la loi.


Hadopi et Looppsi, que tous les informaticiens estiment techniquement inapplicables, en sont de très beaux exemples. Il leur faut « maîtriser » internet. Or, « maîtriser » internet, c'est le tuer. C'est revenir au minitel, avec des serveurs agréés et des chartes de modérations politiquement correctes. C'est pratiquer le filtrage à la Chinoise, pendant que, pour la galerie, on fait semblant de rappeler ce pays à l'ordre pour sa gestion des droits de l'homme; (Mais pas trop fort parce qu'on espère quand même leur vendre des TGV, des Airbus et des centrales nucléaires.)


Sans y voir de contradiction, on veut quand même développer internet, qui serait la culture du pauvre, mais on le taxe. Nos prestataires nous vendent un internet illimité qui ne l'est pas, non seulement au téléphone, mais même par le réseau connecté à nos ordinateurs. Un ami informaticien qui dépanne volontiers ses amis à distance m'affirme qu'il ne peut plus intervenir sur les machines abonnées chez Orange, ce dernier ayant fermé des ports qui sont indispensables à sa connexion.


Les thuriféraires du petit agité ne cessent de m'écrire (par email, la plupart rechignent à publier un commentaire, leur orthographe et leur syntaxe ne leur permettant pas de pratiquer leur culte de manière crédible). Ils m'accusent d'anti-sarkozisme primaire.


Ce n'est pas l'antisarkozisme qui est primaire, c'est Sarkozy qui est primaire. L'attaquer plus haut, c'est le rater, même sans allusion à sa petite taille.Quand on veut tout faire soi-même, on se retrouve responsable de tout.

Car Sarkozy est partout : scandalisez-vous de l'affaire Bettancourt, elle remonte à Sarkozy par le financement de son parti, alarmez-vous de la violence des banlieues, vous y trouvez les injures dont il gratifie leurs habitants et le dépouillement des moyens qu'il inflige à l'enseignement et à la police.

Inquiétez-vous du déclin de la recherche, et vous y trouverez sa privatisation rampante...Notre régime se veut un parangon de la sécurité alors que nous avons la police la plus miséreuse, la justice la plus mal lotie, les prisons les plus sordides et les moyens de réinsertion les plus diminués. Pendant qu'on on nous vante les mérites de notre système de santé, que le monde nous envie, on le démantibule pièce par pièce en diminuant petit à petit le nombre de médicaments et prestations remboursés, en réduisant leur taux de remboursement et en en délégant insidieusement le financement aux mutuelles et autres assureurs privés.


Le Titanic a coulé en trois heures. Combien de temps ces gens-là vont-ils encore rester à flot, et combien des forces vives du pays vont-ils entraîner dans leur engloutissement programmé ?





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