vendredi 3 décembre 2010

361° Wikileaks ou le secret du dieu-Polichinelle.






Avec un peu de retard, (il est sorti la semaine dernière), je vous suggère d'aller voir, pour vous changer des grosses hollywooderies à la mode, un petit film français délicieux, « Au nom des gens », celui où Lionel Jospin apparaît quelques instants. Non pour Jospin, mais pour l'ensemble du film, un cocktail subtil d'Amélie Poulain et de Woody Allen, plein de reparties explosives, d'humour et d'émotion...


Cela vous déridera un peu des chefs qui se piétinent, de la Côte d'Ivoire à la rue de Solférino, et de ceux qui se font la gueule à l'UMP parce qu'ils n'ont pas été ministres, ont cessé de l'être ou n'ont pas eu de strapontin de consolation acceptable.


Cette impression de vivre dans un panier de crabes, de surnager sur une jungle qui ne maîtrise plus l'aspirateur à fric, laisse crever ses pauvres et oublie ses anciens, cette nécessité de devoir sans cesse discriminer la langue de bois des uns et des autres pour essayer de comprendre un peu finissent par rendre l'existence épuisante.


Ainsi cette étrange affaire Wikileaks.... A la vérité, elle ne révèle rien du tout : que les Iraniens possèdent des missiles, tous les propriétaires de satellites le savent depuis longtemps, que notre président soit susceptible et grincheux, nul ne l'ignorait, et que Berlusconi soit un fêtard indécrottable, tu parles d'une découverte !


Ce qui agace le personnel politique, ce n'est pas que des secrets cessent d'être des secrets puisque de toute façon ils n'en étaient pas, mais la fin de sa stature mystérieuse et obséquieuse de détenteur de secrets, fussent-ils de Polichinelle. C'est le prestige de l'homme politique qui en prend un coup, qui est atteint dans sa dignité lorsque le petit peuple réalise que ses édiles, au lieu de baigner dans les limbes d'un domaine privilégié, se coltinent des notes de service aussi nulles et rébarbatives que n'importe qui au bureau.


Voilà, depuis que la notion de service de l'état a été jetée aux oubliettes, le prestige de l'homo politicus réduit à l'usage d'une voiture de service, de la jouissance d'un appartement de fonction, d'un bureau à lambris dorés et de quelques prébendes, et privé du prestige d'être dans le secret des dieux.


Après tout, les dieux n'ont que les secrets qu'on leur a prêtés en les inventant...



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