mercredi 9 novembre 2011

401° Déjà des injures, Monsieur Baroin?



Boileau nous dit que « l'injure est le dernier argument de ceux qui n'ont rien à dire ».

Six mois avant les élections, l'UMP n'aurait-elle déjà plus rien à dire au point que le ministre Baroin qualifie d'effraction la victoire de la gauche aux législatives de 1997 ?


Que les politiques s'injurient entre eux, c'est déjà fort regrettable au regard de ce que devrait être le débat républicain. Mais que d'un mot, un imprécateur injurie une majorité de Français qui a porté une majorité d'élus à l'Assemblée Nationale en 1997, cela nous ramène douloureusement dans les contrées bananières où les dictateurs qualifient leurs opposants de voyous et de dégénérés.


Car en déclarant que la gauche aurait gagné par effraction les élections qui ont résulté de la dissolution de l'Assemblée par Jacques Chirac en 1997, François Baroin fait de chaque électeur de la gauche un complice du cambriolage. Je me sens donc fondé à demander à François Baroin, à titre personnel, des excuses pour une accusation aussi grave que gratuite. J'ai participé à cette effraction, de la manière la plus éclairée qui soit, et même avec préméditation. Je le revendique avec fierté.


La droite française a depuis toujours une fâcheuse propension à estimer sa détention du pouvoir légitime, et à regarder le passage du flambeau à gauche comme une sorte d'usurpation. Souvenez-vous de l'apocalypse prédite avant 1981, de la victoire de François Mitterand qualifiée de « parenthèse socialiste », de la multiplication des livres comme « Les cent jours de Mitterrand » et de la promesse des chars bolcheviks qui allaient venir écraser nos petites autos...

A les entendre, le pouvoir serait « naturellement » de leur bord, tout comme ils ont un candidat « naturel ». Tout comme ils seraient porteurs d'un schéma social exclusif et sans concurrence, et les vecteurs d'un système économique unique et irremplaçable.


Ce n’est pas parce que la république leur échappe qu'elle se dénature, c'est simplement parce qu'ils ne savent plus la servir. Les conseils régionaux et la présidence des établissements publics ne sont pas des niches monarchiques destinées à faire attendre confortablement les fils de prince avant même la fin de leurs études, le cénacle de patrons qui se réunit au Fouquet's ne représente que lui-même, et c'est son ingérence dans les allées du pouvoir qui constitue une usurpation.


D'une certaine manière, considérant la façon dont ils s'installent dans une institution dont ils ne sont que les gestionnaires temporaires, on peut comprendre qu'ils considèrent une alternance démocratique comme une effraction. Il faudra leur rappeler en 2012, par une nouvelle « effraction », que les palais de la République ne leur appartiennent pas.




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