lundi 21 mai 2012

417° Dépit et calme avant la tempête.




Il y a soudain du mou dans la nervosité du débat politique. Les droitistes commencent à constater avec horreur, comme dans les semaines qui avaient suivi le 10 mai 1981, que la gauche « ça peut marcher », qu'elle sait faire, qu'elle possède des gens compétents et que toutes les prédictions de cataclysme et autres déblatérations de Cassandre ne vont pas se réaliser. Tous les jeunes droitistes qui n'ont pas connu les années Mitterrand découvrent que l'exercice du pouvoir n'est pas l'apanage exclusif de la droite comme on le leur a appris, et que le ciel ne va pas leur tomber sur la tête.


La manière a un peu changé. En 1981, on publiait " les Cent jours de Mitterrand", et on faisait état d'une « expérience socialiste » qui allait en quelques semaines convaincre les incrédules de l'incompétence de la gauche. «Parenthèse » qui a quand même duré quatorze ans avec Mitterrand, puis trois ans plus tard, cinq ans avec Jospin.


Aujourd'hui, on est davantage dans l’instantané. Les surenchères archi-droitières de Sarkozy vers la fin de son « expérience » à lui n'ont pas permis de mettre en avant « l'inanité » de la gauche, tant le ton était donné sur la fatalité, l'obligation, de rester à droite, l'impossibilité de perdre, et le mythe très franchouillard de cette « légitimité » du pouvoir à droite, comme si toute autre source du pouvoir était forcément sujette à caution républicaine.


A cause de cette foi du charbonnier qui a empêché la droite de voir arriver une défaite pourtant prévisible, elle s'est retrouvée devant le fait accompli, fort dépourvue d'arguments de toute façon inutiles après la défaite.


Alors, on essaie le coup des promesses pas tenues, sport dans lequel Chirac et Sarkozy ont eu tout loisir de faire leur preuves au plus haut niveau. Là, ils sont compétents. Et on envoie tous les petits, les sans-grade, ceux à qui on promet toujours la richesse et qui s'obstinent à y croire, on envoie tous ces bons petits gars répandre l'aigreur et le doute sur les réseaux sociaux.


Trois jours après l'élection, il y en avait déjà un qui écrivait sur son Facebook : « T'as vu, le blocage du prix de l'essence, il ne l'a pas fait ! »

Avant même d'avoir nommé des ministres, on ne voit pas comment il l'aurait fait. Peut-être ne fallait-il pas prendre à la lettre la formule « au lendemain de l'élection » ?

Et puis, il se trouve que, depuis l'élection, et peut-être partiellement à cause de cette menace, l'essence baisse. Toute seule. Ce serait idiot de bloquer un prix à la baisse, non ?

Mais quelle importance : on hurle à la promesse pas tenue.... En espérant qu'il en restera toujours quelque chose.

« Il ne renégociera pas un traité européen signé par 27 pays ». T'as vu, une semaine après l'élection, ce n'est pas renégocié !

Sauf que sur les 27, s'il y en a une vingtaine qui sont d'accord pour le renégocier, ça pourra peut-être se faire...

Sauf que Merkel, justement à cause de son obstination à ne pas le renégocier, est en train de perdre des élections en série en Allemagne, et que Barack Obama trouve l'approche de Hollande pertinente et le G8 aussi.....

Alors, non bien sûr, cela ne s'est pas fait dans la semaine, mais cela prend tout de même le chemin de se faire.

Si Sarkozy avait été aussi vite pour « éradiquer les SDF en deux ans », faire baisser le chômage et faire gagner plus à ceux qui travaillent plus, il aurait sans doute été réélu.


Mais qu'importe. Les droitistes façon « supporters de football, on a gaaagnééé» n'hésitent pas à réclamer l'impossible au nom de ceux qui n'ont pas su faire le possible. Ce qui leur importe est de bourrer les crânes, de remplir les bouts de cerveau disponibles de leur gloubi-boulga et de couvrir des écrans entiers de facebook de leur étrange évangile. Témoin ce surprenant curriculum-vitae de François Hollande où on expliquait sur trente lignes qu'il n'avait jamais été ministre, mais où on oubliait de mentionner qu'il sortait successivement de HEC, de Sciences Po puis de l'ENA. Il y avait de quoi ridiculiser son prédécesseur, qui ne sortait que de Neuilly, mais au royaume des aveugles, les borgnes sont rois...


Le voyage de Hollande à la Maison Blanche puis au G8 de Camp David les embête beaucoup. Notre président y paraît crédible, et même écouté. Et moins brouillon que son prédécesseur.


En plus, et dans ce silence qui précède les grandes élections, -car il y en a encore une à venir-, le pays retrouve sa sérénité et son unité. Les policiers savent qu'ils seront débarrassés de cette course au chiffre qui les empêchait de travailler intelligemment, les magistrats ont compris que leur indépendance ne serait plus sur la sellette, les enseignants que la disette de moyens qui les frappait allait cesser de s'aggraver,


Certes, quelques crache-dans-la-soupe de la très extrême gauche critiquent à tout va les Valls, Duflot et quelques autres membres du gouvernement sans comprendre que c'est cette diversité qui a amené la victoire, et que la gauche serait restée dans l'opposition ad aeternam si elle avait dû se faire élire avec leurs idées. En vertu du même phénomène qui a fait perdre la droite dès lors qu'elle a fait trop de place aux idées d'extrème-droite.


Dans le genre bluff d’extrême droite, méditons cette manœuvre des ultra-ultra-intégristes iraniens qui tentent de faire passer Ahmadinejad pour un libertin qui veut rouvrir les boites de nuit. La droite sera toujours la droite, les rois du bluff et de la parano...


Sans doute ceux qui n'ont pas de recul sont-ils des rouages nécessaires au fonctionnent quotidien des appareils, mais le spectacle de la politique reste tellement plus passionnant lorsqu'on le regarde des tribunes.




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