lundi 27 mars 2017

550° Parlons donc de « La Belle et la Bête »…







La Belle et la Bête un film « homosexuel » ? Quelle rigolade !

Le dernier Disney fait la une de la presse internationale pour sa propension à attirer l’attention des censeurs. On parle de « scènes homosexuelles »…., puis devant une réalité qui semble rétrécir à vue d’œil, de « moments homosexuels »… Qu’en est-il ?

J’ai été le voir...
Il faut être véritablement tordu et obsédé pour y voir un gramme d’homosexualité.

Le gens qui s’attaquent à ce film sont véritablement focalisés par la haine des homosexuels, par la recherche, voire l’interprétation malveillante du plus petit détail qui pourrait éveiller dans leurs désirs chaotiques et surtout inassumés la moindre parcelle de l’homophobie dont ils font le plus souvent profession.

A moins que cette manière de voir de l’homosexualité et des homosexuels partout ne résulte pas seulement de leurs frustration, mais également de la nécessité alimentaire qui est la leur de « vendre » de la haine. Nous y reviendrons.




Cela me rappelle un petit souvenir de jeunesse. Le hasard de mes tribulations scolaires m’a amené un jour, -enfin un mois ou deux, je me suis fait virer très vite-, dans un internat tenu par des religieux -catholiques, est-il utile de le préciser-, qui étaient absolument obsédés par le zizi adolescent.

Lorsqu’on marchait en rangs, il fallait suivre les deux qui vous précédaient à un mètre pour éviter « tout contact » qui n’aurait pas pu être accidentel, mais forcément volontaire, et donc pervers et démoniaque. Il était interdit, à l’étude, de soulever son pupitre sans demander la permission, car le couvercle constituait bien sûr un paravent propre à cacher les pires turpitudes 

Les dortoirs… Chaque lit était entouré de rideaux supposés occulter les regards concupiscents…
Dans la pratique, c’était plutôt contre-productif car ils empêchaient toute surveillance d’ensemble, et favorisaient donc certains voisinages et certaines rencontres nocturnes que vous imaginerez bien mieux vous mêmes que si je vous les raconte.

Les douches… C’était un couloir avec dix cabines de douche ouvertes, cinq de chaque côté. Mais pour éviter tout face à face, on ne pouvait utiliser que celles d’un seul côté. Les cinq élus devaient y entrer en même temps ceints de leur serviette, et en sortir en même temps dans le même accoutrement pour ne pas passer devant les cabines où un autre aurait été encore nu.
Résultat de cet ordre militaire, les séances de douche qui auraient pu se solder en une heure occupaient une demi-journée de la vie du collège.

Bilan de cette obsession : tous les gestes de la journée étant guidés et empreints de ce souci de « sécurité pudibonde anti-sexuelle », on ne pensait qu’à ça tout le temps… Il fallait, dans chacun de nos gestes et chacune de nos attitudes, et même dans des occupations où nous aurions volontiers pensé à autre chose, prévoir et imaginer ce que les fantasmes tordus et malveillants des bons prêtres pourraient interpréter, qui ne manquerait pas de nous attirer une punition.

L’omniprésente préoccupation de non-sexualité qui régnait dans la maison prenait largement le pas sur ce qu’auraient pu être nos curiosités juvéniles naturelles… D’autant plus que la nudité ou quelques gestes enfantins, à l’âge du collège, doivent bien davantage à la curiosité de l’adolescence qu’à des pulsions sexuelles… Accusés en permanence d’une perversion que nous n’avions pas, regardés comme des obsédés que nous n’étions pas, comment pouvions-nous nous détourner de l’attrait de l’interdit ? Ce sont ces prêtres qui nous ont appris où se nichait « le vice ».

La censure qui s’abat sur la Belle et la Bête, c’est un peu la même chose. Et c’est bien dommage, parce qu’à bien des égards, nous avons là un des plus beaux films de l’histoire de Disney.

C’est d’abord une comédie musicale particulièrement réussie.

A mon avis, meilleure que Lalaland, qui vient pourtant d’obtenir l’Oscar du meilleur film…

Et les auteurs connaissent leurs classiques : On y retrouve les pièces montées de ballets et les figures en kaléidoscopes de Busby Berkeley, les décors gigantesques des Ziegfeld Folies, les fontaines des films d’Esther Williams, un remake de la scène culte de la Mélodie du Bonheur où l’héroïne chante en gambadant dans des prairies montagnardes fleuries, les auberges d’Oklahoma et les saloons du Far West à peine transposés et j’en passe. Le réalisateur, un monsieur Condon, aime la comédie musicale et connaît ses classiques.



Ajoutons à cela des décors à la mesure de ce que permettent les moyens graphiques modernes. Le château est au-delà de l’extraordinaire. L’extérieur et l’intérieur. Les décors sidérants. Et tout cela empreint d’une grande beauté.

Parlons aussi de la musique, d’Alan Menken, déjà auteur de la musique de la version animée de la Belle et la Bête de 1991.
On lui doit aussi les musiques de la Petite Boutique des Horreurs (1986), de la Petite Sirène (1989), d’Aladdin, de Pocahontas, du Bossu de Notre Dame, de Raiponce et du Blanche Neige de 2012.

On n’y trouve pas le tube » qui va traverser la planète, mais la plupart des mélodies sont très agréables, et gratifiées d’une orchestration symphonique très spectaculaire.
Chapitre lyrique, le film présente plusieurs scènes de ballets très au point et très soignées, allant de la taverne villageoise à la grande salle de bal du château…

Comme dans tous les Walt Disney qui se respectent, il y a une foule d’objets qui s’animent, des pendules, des candélabres, des théières, des armoires et des fauteuils.

Et je me demande si ce c’est pas cela, finalement, qui gène les intégristes religieux : toute cette magie à laquelle leurs écritures stupides et leurs dogmes imbéciles ne laissent aucune place. Mais ils n’osent pas cette attaque frontale qui paraîtrait désuète.

Alors, ils s’attaquent à deux personnages qui prêtent le flanc à leur obsession : un désir supposé homosexuel. (à peine évoqué, il va sans dire).

Le premier s’appelle LeFou. C’est un domestique un peu grassouillet, plutôt moche et qui le sait, un brin retors, bref qui a toutes les tares que les homophobes prêtent volontiers aux homosexuels pour mieux les dévaloriser. Il a une chanson dans le film, qu’avec un peu de mauvaise foi, on peut interpréter comme un gazouillis d’amour à son bellâtre de maître, lequel est pourtant résolument hétéro, et même vilainement machiste. Autant dire une cause perdue…

Le second est tellement furtif qu’il n’a même pas de nom. On le voit deux fois dans le film, moins d’une seconde à chaque fois. Par surprise, comme un gag. La première fois, il prend je ne sais quel projectile coloré sur la tête, qui le colore en rose comme si cela le maquillait. La seconde fois, on le voit en un éclair danser avec un homme dans un plan général échevelé d’une salle de bal où virevoltent une cinquantaine de couples. Il « traverse l’écran » en moins d’une seconde. C’est si rapide qu’il faudrait faire un arrêt sur image pour le voir vraiment...

Et c’est pour cela qu’il faudrait condamner un film aussi réussi ?

Foutaises !




 Le bilan :

Le film est interdit aux moins de seize ans en Russie, autant dire « mort » vu sa cible d’audience. En Malaisie, il a été l’objet d’obscures tractations. La commission de censure y avait fait des coupures et en réponse, Disney avait décidé de retirer carrément le film. Disney étant un acteur économique puissant du pays, où il possède différents « resorts » et draine des entrées touristiques importantes, le film a finalement été… rétabli intégralement !
Disney en profite même pour faire entrer de force dans le pays la nouvelle saison de Power Rangers, qu’il distribue dans l’Océan Indien, et dont la censure malaisienne ne voulait pas non plus pour cause de couple lesbien un peu trop camionneuses.

La Belle et la Bête a peu de chances de sortir dans les pays du golfe et autres émirats, et même aux États Unis, certains cinémas indépendants choisissent de ne pas le programmer. Ce qui est commercialement très risqué, car là-bas comme en Europe, la programmation des salles se fait par « trains de films », et si vous refusez un seul film, vous vous privez de tout le lot. Lot qui ne manquera pas de sortir chez votre concurrent, bien entendu…

Bref, cette censure de la Belle et la Bête est encore une histoire sordide de mal-baisés, et d’agitateurs politiques qui instrumentalisent la sexualité comme un outil de pouvoir.

D’ailleurs, je travaille d’ores et déjà à mon prochain article :

« L’homophobie, enjeu politique, enjeu de pouvoir » .

A bientôt sur ces colonnes.







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